L’évaluation au fil des ans ~ Kylie Hutchinson, conférencier

Parfois, le thème d’un congrès a une résonance particulière pour moi. Quand j’ai vu celui-là, je me suis dit : « Ah oui alors! » L’innovation, l’action et la réflexion sont des aspects qui ont tout pour retenir l’attention de l’évaluatrice que je suis. Voici pourquoi.

J’ai suivi mon premier cours d’évaluation en 1988 et suis devenue consultante indépendante en 1998. Vous vous doutez bien que ma réflexion porte sur un certain nombre d’années. Le premier congrès de la SCÉ auquel j’ai assisté est celui de Toronto, en 1990. Pendant des années, il m’a semblé qu’il ne se passait rien de nouveau dans le domaine de l’évaluation, ce qui était probablement normal. Notre profession était jeune, relativement nouvelle, et tout le monde s’affairait à établir notre réputation et à la faire accepter. Je fais un bond dans l’avenir jusqu’à 2005-2006, lorsque tout a semblé démarrer pour de bon. Partout, je vois l’innovation prendre sa place dans le domaine, ce qui est très stimulant. Des rapports repoussent les limites, des formes de collecte de données jusque-là inimaginables apparaissent, « le monde et les temps changent ». Parfois, rien que suivre le rythme me fait paniquer, mais c’est encore et toujours passionnant.

En même temps que l’évaluation, mes fonctions d’évaluatrice évoluent. Autrefois, je me concentrais sur la méthodologie, les modèles logiques et les statistiques; aujourd’hui, ce sont le renforcement des moyens et la pensée systémique qui retiennent mon attention. En cours de route, j’ai dû acquérir des compétences en animation de groupe, en formation, en encadrement, en visualisation des données, ainsi qu’en communications et en graphisme. Mais ce n’est pas tout! Si je me préoccupe vraiment de l’action et du changement social, je vois aussi la gestion du changement se pointer à l’horizon.

Hum… je crois que ceci exige une certaine réflexion.

Je regarde ma panoplie d’outils actuelle : le coffre est plein. Il déborde. Je veux voir mes évaluations se traduire par des actions, mais « agente de changement »? Oserais-je aller jusque-là? Cette compétence est-elle destinée à s’ajouter à mes outils d’évaluation? Je n’en suis pas encore certaine. Au fil des ans, mes points forts ont changé. J’ai déjà été une jeune prodige aux idées novatrices, mais aujourd’hui, je me fie davantage à la sagesse et à l’expérience acquises pendant trente ans dans les tranchées. Est-ce mon rôle que d’assumer à moi seule toutes les fonctions possibles d’une évaluatrice dans cette ère nouvelle, ou devrais-je simplement combiner mes forces complémentaires à celles d’autres évaluateurs? Je l’ignore; c’est une des raisons pour lesquelles j’ai hâte à ce congrès.

Face à l’avenir : innovation, action et réflexion. En effet.

Kylie Hutchinson, consultante indépendante en évaluation et formatrice à Community Solutions Planning & Evaluation.