Face à la relève! ~ Seyive Wilfried Affodégon

Face à l’avenir : Innovation, action, réflexion! À travers le thème du congrès 2017, la Société canadienne d’évaluation (SCÉ) invite tous les acteurs de l’évaluation à avoir leur regard tourner vers l’avenir. Deux ans seulement après la célébration de l’année internationale de l’évaluation (Eval year 2015), les membres de la SCÉ anticipent déjà les défis auxquels sera confrontée notre profession au cours des prochaines décennies. De notre point de vue, l’un des défis qui mérite une réflexion est la prise en compte de la relève à l’émergence et à la consolidation de notre profession. Ici, nous assimilons la relève aux jeunes évaluateurs qui sont généralement des étudiants inscrits dans un programme en évaluation (ou qui s’intéressent tout simplement à l’évaluation) ou de jeunes diplômés ayant très peu d’expériences en évaluation.

Plusieurs initiatives en cours tendent à crédibiliser cette thèse. Nous faisons référence à l’initiative « Youth Focused Evaluation » (de l’Association américaine d’évaluation) qui est un cadre d’échanges entre les évaluateurs adultes et jeunes. Notons également le Réseau francophone des évaluateurs émergents (RFEe) qui a été mis en place grâce au concours du Réseau francophone des évaluateurs (RFE) et de la Société québécoise d’évaluation de programme (SQÉP). Nous pouvons mentionner aussi l’initiative EvalYouth qui a été créée sous l’impulsion d’EvalPartners dans la perspective de la mise en œuvre de l’agenda global pour l’évaluation (2016 – 2020).

Par la présente contribution, nous insistons sur l’importance de la relève dans les actions de la SCÉ. Les jeunes évaluateurs peuvent contribuer au développement de la profession sur les plans théorique, méthodologique et pratique. Sur le plan théorique, nous remarquons que, de nos jours, il y a plus de programmes d’études ou de cours en évaluation qu’il y en a, il y a de cela une trentaine d’années. Les jeunes évaluateurs ont ainsi l’avantage de suivre des formations plus spécialisées en évaluation. Ils bénéficient désormais de l’encadrement d’enseignants qui sont non seulement des universitaires; mais aussi, qui sont pour la plupart des professionnels chevronnés en évaluation qui allient la recherche évaluative et les mandats d’évaluation. L’évaluation axée sur la jeunesse apparaît comme une excellente illustration des contributions théoriques des jeunes à la consolidation des fondements de l’évaluation. Sur le plan méthodologique, les cours en évaluation qui sont dispensés dans les universités accordent une place prépondérante aux méthodes de recherche en évaluation. Plusieurs de ces cours permettent aux jeunes évaluateurs d’acquérir des compétences sur les différents devis en évaluation en général et plus spécifiquement sur les méthodes sophistiquées d’analyse quantitatives et/ou qualitatives de données. Grâce aux innovations technologiques, les jeunes évaluateurs sont préparés à l’utilisation de nouveaux logiciels pour l’automatisation du traitement des données. Sur le plan pratique, le dynamisme et l’ouverture d’esprit de la jeunesse facilitent l’interaction générationnelle dans une équipe pluridisciplinaire pour la réalisation de mandats en évaluation. La complémentarité intergénérationnelle est porteuse d’espoir de l’utilisation de l’évaluation par les parties prenantes. L’apprentissage étant une forme d’utilisation de l’évaluation par les parties prenantes, un jeune évaluateur qui réalise un mandat d’évaluation a l’opportunité de confronter son savoir, son savoir – faire et son savoir – être aux réalités d’une profession très exigeante. Bien souvent, les mandataires souhaitent des équipes pluridisciplinaires et/ou équipes mixtes pour la réalisation des mandats. Ceci justifie l’importance de disposer d’un bassin de jeunes évaluateurs au sein de la SCÉ. Eu égard à tout ce qui précède, « Face à l’avenir : face à la relève », sommes-nous tentés de dire en signe d’un appel aux participants du prochain congrès de la SCÉ à plus de réflexions autour de la prise en compte de la relève.

Seyive Wilfried Affodégon, doctorant en Science politique à l’Université Laval (Québec – Canada).

Twitter : @waffose